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Emploi

PTP : qui peut en bénéficier en France ?

Changer de métier n’a rien d’un caprice passager. Pour beaucoup, c’est un besoin viscéral, un appel du large quand le quotidien s’essouffle. Entre les murs d’une usine ou dans le tumulte d’un open space, ils sont nombreux à caresser l’idée d’un nouveau départ. C’est là que le PTP, trois lettres discrètes, s’invitent dans la conversation et bousculent la donne.

Derrière cet acronyme, se cache une promesse inattendue : permettre à ceux qui veulent vraiment tourner la page de leur vie professionnelle de s’offrir une parenthèse, sans tout perdre. Mais qui, en France, peut réellement saisir cette opportunité ? La réponse n’est jamais aussi simple qu’on l’imagine, tant les conditions mêlent espoirs de liberté et contraintes réglementaires parfois insoupçonnées.

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Le PTP en France : un levier pour changer de vie professionnelle

Le projet de transition professionnelle (PTP) a pris le relais du congé individuel de formation (CIF) depuis la réforme du 5 septembre 2018. Ce mécanisme autorise n’importe quel salarié du privé à suspendre son contrat de travail pour se lancer dans une formation certifiante et, pourquoi pas, changer de vie. Pendant cette parenthèse, le salaire ne s’évapore pas — à condition que le dossier convainque les décideurs.

Le PTP cible d’abord les reconversions vers des métiers porteurs ou moins éprouvants physiquement. Son fonctionnement s’articule autour du compte personnel de formation (CPF), mobilisé en priorité pour financer la formation. La machine se met ensuite en marche grâce à l’association Transitions Pro, présente partout en France : c’est elle qui examine les demandes et, en cas de feu vert, assure la continuité de la rémunération. Les métiers jugés usants bénéficient aussi du fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (FIPU), histoire de ne pas laisser sur le carreau ceux qui paient le prix fort de la pénibilité.

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Mais le PTP ne se décroche pas sur un simple coup de tête. Il impose plusieurs prérequis :

  • une formation certifiante inscrite au RNCP ou au répertoire spécifique ;
  • l’aval de la commission paritaire interprofessionnelle régionale, chargée de jauger la cohérence du projet et ses débouchés réels ;
  • une autorisation d’absence de l’employeur si la formation occupe les heures de travail.

Se lancer dans cette aventure s’accompagne souvent d’un conseil en évolution professionnelle (CEP), à chaque étape : réflexion, montage du dossier, dépôt. Rien de tout cela n’est laissé au hasard : la motivation, la pertinence du projet, la solidité du parcours sont scrutées à la loupe. Au final, le PTP s’impose comme une rampe de lancement crédible pour celles et ceux qui veulent transformer l’essai, là où aspirations individuelles et besoins économiques se croisent.

À qui s’adresse concrètement le projet de transition professionnelle ?

Le projet de transition professionnelle ne fait pas de distinction entre les salariés du privé : CDI, CDD, intérimaires, intermittents du spectacle… tous sont dans la course, à condition d’avoir accumulé l’ancienneté nécessaire. Cette ouverture du dispositif reflète la volonté de ne laisser personne sur le bord de la route : jeunes en quête de sens, salariés aguerris en mal de renouveau, travailleurs usés par la répétition.

La variété des situations entraîne des critères sur-mesure :

  • Pour les CDI : 24 mois d’activité au total, dont 12 mois chez le même employeur.
  • Pour les CDD : 24 mois d’activité sur les 5 dernières années, dont au moins 4 mois en CDD sur la dernière année.
  • Les intérimaires et intermittents bénéficient de règles adaptées, prenant en compte les particularités de leur parcours.

Peu importe la taille ou l’adresse de l’entreprise : de Paris à Lille en passant par les coins les plus reculés, le PTP entend offrir à chaque salarié une porte de sortie crédible, avec à la clé une formation solide et un accompagnement personnalisé. Cette souplesse a permis à des milliers de trajectoires, parfois cabossées, de trouver un nouveau souffle.

Critères d’éligibilité : ce qu’il faut savoir avant de se lancer

Avant de foncer tête baissée vers un projet de transition professionnelle, mieux vaut décortiquer les exigences du dispositif. Rien n’est laissé à l’improvisation : chaque étape, chaque justificatif compte.

La formation visée doit être certifiante et figurer au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) ou au Répertoire Spécifique (RS). L’organisme de formation, lui, doit afficher la certification Qualiopi — un sésame qui atteste du sérieux de l’enseignement proposé.

Pour déposer un dossier de demande, l’ancienneté du salarié (variable selon le type de contrat) est passée au crible. Un bilan de positionnement est exigé pour ajuster le parcours. Le Compte Personnel de Formation (CPF) sert de première source de financement, complété si nécessaire par les fonds de Transitions Pro.

  • La demande s’adresse à la Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale (CPIR), qui épluche la cohérence du projet, la pertinence de la formation et les perspectives d’embauche.
  • Si la formation a lieu pendant les horaires de travail, une autorisation d’absence de l’employeur reste incontournable.

La prise en charge du financement n’a rien d’automatique. Tout dépend de la consistance du dossier et du respect scrupuleux des critères évoqués. La commission peut accorder ou refuser l’appui financier, selon la pertinence du projet et son ancrage dans la réalité de l’emploi.

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Salariés concernés, situations particulières et cas pratiques

Le projet de transition professionnelle s’adresse à tous les salariés du privé : CDI, CDD, intérimaires, intermittents. Mais pour chacun, il faudra prouver son sérieux et son éligibilité via un dossier béton, où la cohérence du parcours tient le premier rôle. À la clé, la Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale tranche : le projet est-il crédible ? La formation, débouche-t-elle vraiment sur un emploi ?

La rémunération suscite beaucoup de questions, et pour cause. Si la formation est suivie sur le temps de travail, le salarié conserve son salaire, intégralement ou partiellement selon un barème fixé par Transitions Pro. L’employeur avance la rémunération, puis se fait rembourser. Si la formation se déroule hors temps de travail, pas besoin d’autorisation d’absence : la décision de financement revient quand même à la commission régionale.

  • Pour une formation de moins de 6 mois, la demande d’autorisation d’absence doit être faite au moins 60 jours avant le début ; au-delà, c’est 120 jours.
  • L’employeur dispose de 30 jours pour répondre. Passé ce délai, le silence vaut acceptation.

Bénéficier du Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) facilite grandement la construction du projet — un accompagnement gratuit, à ne pas négliger. Si la demande de financement ou l’autorisation d’absence est refusée, le salarié n’est pas sans recours : un dossier peut être réexaminé par Transitions Pro, puis, en cas de blocage persistant, transmis à la médiatrice de France Compétences.

Enfin, pour ceux qui envisagent la démission dans le cadre d’une reconversion, il faudra une attestation du CEP prouvant la solidité du projet. Ce document ouvre alors l’accès à l’allocation chômage via France Travail — une passerelle vers un nouveau chapitre professionnel, à condition d’avoir bien préparé son dossier.

Changer de trajectoire n’a rien d’un luxe réservé à quelques privilégiés. Le PTP trace un chemin balisé, exigeant, mais accessible à qui veut vraiment réécrire l’histoire. Entre prudence et audace, à chacun d’oser le premier pas — il n’est jamais trop tard pour choisir sa direction.

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