Qui a vraiment droit au PTP en France aujourd’hui ?
Changer de métier n’a rien d’un caprice passager. Pour beaucoup, c’est un besoin viscéral, un appel du large quand le quotidien s’essouffle. Entre les murs d’une usine ou dans le tumulte d’un open space, ils sont nombreux à caresser l’idée d’un nouveau départ. C’est là que le PTP, trois lettres discrètes, s’invitent dans la conversation et bousculent la donne.
Derrière cet acronyme, se cache une promesse inattendue : permettre à ceux qui veulent vraiment tourner la page de leur vie professionnelle de s’offrir une parenthèse, sans tout perdre. Mais qui, en France, peut réellement saisir cette opportunité ? La réponse n’est jamais aussi simple qu’on l’imagine, tant les conditions mêlent espoirs de liberté et contraintes réglementaires parfois insoupçonnées.
Plan de l'article
Le PTP en France : un levier pour changer de vie professionnelle
Le projet de transition professionnelle (PTP) s’est imposé comme la suite logique du congé individuel de formation (CIF) depuis la réforme de septembre 2018. Ce dispositif permet à tout salarié du privé de suspendre temporairement son contrat de travail pour suivre une formation certifiante avec, au bout du chemin, la possibilité d’embrasser un nouveau métier. Pendant cette période, la rémunération reste assurée, à condition de présenter un dossier solide et bien ficelé.
Le PTP vise surtout ceux qui cherchent à se tourner vers des métiers d’avenir ou moins pénibles physiquement. Son fonctionnement repose sur le compte personnel de formation (CPF), première source de financement à activer. Ensuite, l’association Transitions Pro, présente sur l’ensemble du territoire, examine les demandes et garantit le maintien du salaire en cas d’accord. Quant aux métiers éprouvants, ils peuvent compter sur le fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle (FIPU) pour ne pas être oubliés, une reconnaissance bienvenue pour les salariés exposés à la pénibilité.
Pour autant, obtenir un PTP ne se fait pas sur un coup de tête. Plusieurs conditions s’imposent :
- la formation envisagée doit être certifiante et inscrite au RNCP ou au répertoire spécifique ;
- il faut convaincre la commission paritaire interprofessionnelle régionale de la cohérence du projet et de ses débouchés professionnels ;
- une autorisation d’absence de l’employeur est requise lorsque la formation empiète sur les horaires de travail.
Dans la grande majorité des cas, un conseil en évolution professionnelle (CEP) accompagne le salarié à chaque étape, depuis la réflexion initiale jusqu’au dépôt du dossier. Rien n’est laissé au hasard : motivation, pertinence, parcours, tout est disséqué. Le PTP devient alors le tremplin qui permet à celles et ceux décidés à franchir le pas de bâtir un projet solide, à la croisée de leurs aspirations et des besoins du marché.
À qui s’adresse concrètement le projet de transition professionnelle ?
Le projet de transition professionnelle ouvre la porte à tous les salariés du privé : CDI, CDD, intérimaires, intermittents du spectacle… La seule véritable exigence, c’est l’ancienneté. Cette large accessibilité traduit une volonté de donner leur chance à tous, qu’ils soient jeunes en quête de sens, salariés expérimentés en recherche de nouveauté ou travailleurs usés par la routine.
Les critères d’accès sont adaptés à chaque situation :
- Pour les CDI : il faut avoir cumulé 24 mois d’activité, dont 12 dans la même entreprise.
- Pour les CDD : 24 mois d’activité sur les 5 dernières années, dont au moins 4 mois en CDD au cours de la dernière année.
- Quant aux intérimaires et intermittents, des règles spécifiques tiennent compte de la nature particulière de leur parcours.
La taille de l’entreprise ou sa localisation ne jouent aucun rôle : de la capitale aux villages isolés, chacun peut envisager un nouveau départ grâce au PTP. Cette souplesse a permis à de nombreux salariés, parfois avec des parcours cabossés, de prendre un virage décisif dans leur carrière, avec à la clé une formation reconnue et un accompagnement sur mesure.
Critères d’éligibilité : ce qu’il faut savoir avant de se lancer
Avant de se lancer dans un projet de transition professionnelle, il est indispensable de passer au crible toutes les exigences du dispositif. Rien n’est improvisé : chaque justificatif compte, chaque critère est vérifié.
La formation doit être certifiante et référencée au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) ou au Répertoire Spécifique (RS). L’organisme qui dispense la formation doit détenir la certification Qualiopi, gage de sérieux.
Pour déposer une demande, il faut justifier de l’ancienneté requise selon son contrat. Un bilan de positionnement est également demandé pour permettre un parcours adapté. Le Compte Personnel de Formation (CPF) est utilisé en priorité pour financer la démarche, complété si besoin par les fonds de Transitions Pro.
Les étapes se succèdent, chacune avec ses exigences :
- La Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale (CPIR) examine la cohérence du projet, la pertinence de la formation et les perspectives professionnelles à la sortie.
- Si la formation se déroule pendant les heures de travail, obtenir l’accord de l’employeur pour une absence reste une étape incontournable.
L’obtention du financement n’a rien d’automatique. Elle dépend de la robustesse du projet et du respect de tous les critères. La commission régionale peut soutenir la démarche ou la refuser, selon la pertinence du dossier et les réalités du marché de l’emploi.
Salariés concernés, situations particulières et cas pratiques
Le projet de transition professionnelle s’adresse à tous les salariés du privé, quel que soit leur contrat. Mais pour chacun, il faudra constituer un dossier solide, où la cohérence du parcours et la pertinence du projet sont scrutées de près. La Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale tranche alors : le projet tient-il la route ? La formation ouvre-t-elle vraiment des portes ?
La question de la rémunération revient souvent. Si la formation s’effectue pendant le temps de travail, le salarié continue de percevoir son salaire, intégralement ou partiellement suivant le barème fixé par Transitions Pro. L’employeur paye d’abord le salarié, puis se fait rembourser. Lorsque la formation se déroule en dehors de ses horaires habituels, il n’est pas nécessaire de demander une autorisation d’absence ; le financement dépend toujours de la décision de la commission régionale.
Pour s’y retrouver, voici quelques règles de fonctionnement :
- Pour une formation de moins de 6 mois, la demande d’autorisation d’absence doit être déposée au moins 60 jours avant le début ; au-delà, ce délai passe à 120 jours.
- L’employeur a 30 jours pour répondre. S’il ne donne pas de réponse dans ce délai, l’accord est considéré comme acquis.
Le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP) se révèle souvent précieux pour monter son dossier, un accompagnement gratuit qui peut faire toute la différence. Si la demande de financement ou l’autorisation d’absence est refusée, le salarié peut demander un réexamen auprès de Transitions Pro, puis saisir la médiatrice de France Compétences si le blocage persiste.
Enfin, pour les personnes qui envisagent une démission pour se reconvertir, il est impératif d’obtenir une attestation du CEP prouvant que leur projet est sérieux. Ce document leur ouvre alors l’accès à l’allocation chômage via France Travail, une passerelle vers une nouvelle vie professionnelle, à condition d’avoir bien préparé son dossier.
Changer de vie professionnelle n’est pas réservé à une minorité. Le PTP trace un itinéraire exigeant, balisé, mais accessible à qui veut vraiment reprendre la main sur son parcours. Entre prudence et audace, le premier pas compte plus que tout : il suffit parfois d’oser pour voir son horizon s’élargir.
-
Emploiil y a 11 mois
Inscription à Pôle emploi : les raisons cruciales d’enregistrer votre profil
-
Entrepriseil y a 10 mois
Envoi de messages automatiques sur WhatsApp : méthodes et astuces
-
Formationil y a 1 mois
Salaire d’une assistante orthodontiste : tout sur la rémunération du métier
-
Emploiil y a 10 mois
Vos réalisations professionnelles les plus importantes et leur impact sur votre carrière
